La semaine dernière, dans le monde occidental, c’était la Toussaint. Le jour est effectivement férié à peu près partout en Europe, mais dans la culture polonaise il s’agit d’une fête encore plus présente et très importante. Pour cause, la religion et les liens familiaux qui s’y cultivent énormément – il n’y a presque pas de maisons de retraite, par exemple - et avec ceux-ci, le culte du souvenir des défunts qui pousse les personnes à se recueillir sur les tombes des proches.
Selon le lieu de résidence des familles ainsi que leur situation professionnelle, ce recueillement et hommage aux ancêtres peut se prolonger jusqu’au 2 novembre. En effet, à part leur cimetière local, les familles font parfois le tour de ceux des villages dont les parents sont originaires, afin de « rendre visite » aux défunts plus lointains… Mais aussi, par la même occasion, aux membres de la famille toujours présents et demeurant à proximité.
Vous pourriez vous demander de quelle manière les polonais rendent-ils hommage à leurs défunts… Pendant la visite d’une tombe, à part la prière et le fait de penser aux instants partagés avec la personne, les premiers des proches qui y arrivent, nettoient la tombe. De plus, souvent, ils y déposent des fleurs. Jusque-là, c’est plutôt similaire à ce que l’on peut voir en France… Mais une coutume est très différente et change radicalement l’ambiance du jour - c’est le fait d’allumer et de déposer des « znicze » sur la tombe. Un « znicz » est une bougie plus ou moins grande et enfermée dans une urne transparente, décoratrice et protégeant la flamme du vent. En temps normal, une tombe polonaise ressemble donc à ceci :
Et, vu de près, un « znicz » classique allumé ressemble à ceci :
Comme nous l’avons déjà mentionné plus tôt, la Toussaint et le Jour des Morts sont des jours auxquels les polonais attachent énormément d’importance. Ces deux jours, les familles visitent en général plusieurs tombes dans chaque cimetière, que ce soit d’un ancien membre de la famille, d’un ami parti trop tôt, des parents d’amis proches ou encore des monuments de mémoire collective, comme par exemple ceux destinés aux soldats qui se sont sacrifiés pour le pays. Et, à chaque fois, chaque famille dépose au moins un « znicz ». En résultat, les cimetières terminent remplis de lumière et de couleurs.

Pendant la journée, les cimetières ressemblent à ce que vous pouvez voir sur la photo ci-dessus… Cependant, c’est à la tombée de la nuit (qui à cette période de l’année a lieu à partir de 16h10) que notre description prend tout son sens :
L’usage des « znicze » a une autre conséquence. Autant dans les petits villages c’est plus discret, autant dans les villes à partir de 7-10 000 habitants l’effet produit devient impressionnant : c’est le ciel entier qui brûle de sa lueur au-dessus des cimetières. Vous pouvez voir cette lueur sur la photo suivante, mais aussi sur les précédentes :
Outre la lumière, comme presque tout le monde s’y déplace, les cimetières se remplissent aussi de vie et l’ambiance en devient presque festive, d’autant plus que, souvent, la visite d’un cimetière permet de retrouver des amis ou des membres de famille perdus de vue depuis longtemps. Nous pourrions donc dire qu’en Pologne, le jour de la Toussaint devient ce qu’il était dans la plupart des traditions européennes païennes – une rencontre du monde des vivants et de celui des morts !