Le week-end du 1er mai en Pologne est composé de 3 fêtes successives – la Journée Internationale des Travailleurs (Święto Pracy), le jour du drapeau de la République de Pologne (Dzień Flagi Rzeczypospolitej Polskiej) et la Journée de la Constitution du 3 mai (Święto Narodowe Trzeciego Maja). L’article d’aujourd’hui traitera donc de la Journée de la Constitution, fête nationale de la Pologne.
Il s’agit de la commémoration de l’adoption et de l’entrée en vigueur de la constitution de la République des Deux Nations, composée du mariage entre la Pologne et la Lituanie. La constitution fut adoptée en 1791 et est, selon les historiens, la deuxième constitution moderne en Europe (après celle de la Corse en 1755 qui fut abrogée en 1769) et troisième dans le monde (après la corse et l'américaine dont l'entrée en vigueur date de 1789).
Contrairement à la constitution américaine, la polonaise a été actualisée, changée et réécrite plusieurs fois depuis 1791. L’état fonctionne actuellement selon les termes établis par celle de 1997. Cependant, les points clés de celle du 3 mai 1791 permettent de dire qu’il s’agissait du premier document de ce type en Europe. Parmi eux, nous pouvons citer la séparation des trois pouvoirs de l’Etat, l’égalité politique entre la noblesse et la bourgeoisie, la libération des paysans de la servitude les plaçant sous la protection de l’état et non des seigneurs, l’établissement de commissions locales veillant au bon respect des lois, ou encore l’abolition de tous les titres aristocratiques ainsi que du liberum veto, outil parlementaire dont l’abus par la noblesse a mené à la décadence du pays et à la paralysie du fonctionnement du pouvoir législatif.
Comme nous pouvons le voir dans le paragraphe précédent, il s’agissait d’un texte réellement novateur pour son époque et qui est devenu tout un symbole, synonyme de la liberté et du droit républicain en Pologne-Lituanie. Nulle surprise donc qu’il ait été perçu comme dangereux par les monarchies absolues voisines, menant au deuxième partage de la Pologne perpétré par la Russie, la Prusse et l’Autriche seulement deux ans après sa proclamation, en 1793, puis une insurrection nationale contre les envahisseurs pour en arriver au troisième et dernier partage en 1795, faisant disparaître le pays de la carte de l’Europe pour 123 ans. Selon deux des co-auteurs de la constitution, Ignacy Potocki et Hugo Kołłątaj, elle fut « la dernière volonté et le testament d’une patrie en déclin ». C’est pour cela que malgré l’occupation du pays et l’interdiction de le faire, la date y était encore célébrée – sous peine de lourdes conséquences pour ceux qui le faisaient.
Après la récupération de la souveraineté nationale en 1918, le 3 mai a été choisi comme date de la fête nationale. Mais il a de nouveau été aboli pendant l’époque du communisme, menant à une situation ressemblant à celle de la période de l’occupation au 19ième siècle – interdiction et conséquences. Mais, de nos jours, la fête a de nouveau été établie – comment est-elle donc célébrée ? Tout d’abord, le jour est férié. De plus, on fait des défilés militaires ou civiles, des expositions, des discours, des lectures du préambule de la constitution originale et bien d’autres, un peu comme le 14 juillet en France. Le tout est organisé par le gouvernement et les mairies locales.
Qu’en est-il de vous ? Si vous avez vécu en Pologne, avez-vous des souvenirs du 3 mai ? N’hésitez pas à partager avec nous dans les commentaires !