L’article d’aujourd’hui sera le deuxième dans notre série qui a pour but de vous présenter quelques personnalités polonaises importantes. Malgré ce que l’on pourrait croire, celles-ci ne manquent pas. Quel que soit le domaine - politique, littérature, musique, science, cinéma ou encore sport – chacun d’entre eux contient de nombreux représentants. Certains sont plus célèbres à l’échelle internationale que d’autres, mais tous ont été (ou le sont toujours) importants dans leurs domaines, parfois même au point d’avoir changé les cours de l’histoire. Pour ce deuxième article, puisque nous sommes au début du mois d’avril (soit aux alentours de l’anniversaire de sa mort qui a eu lieu le 2 avril 2005), nous avons choisi de vous parler du Pape Polonais – Jean-Paul II.
Jean-Paul II, ou plutôt Karol Wojtyła de son nom de naissance, est né le 18 mai 1920 à Wadowice, dans la voïvodie de Petite-Pologne au sud de la Pologne. Il est issu d’une famille plutôt humble où seul le salaire de son père, officier de l’armée, apportait au maintien du foyer qui a connu un triste destin – la mère de Wojtyła est morte en 1929, son frère en 1932 et son père en 1941. Malgré la perte de ses proches, il a réussi à arriver à d’excellents résultats scolaires, lui ayant permis de commencer des études de philologie polonaise à la prestigieuse université de Cracovie, interrompues par la Seconde Guerre Mondiale. Toujours très croyant, il a décidé de commencer des études en théologie en 1942 dans le Séminaire clandestin de Cracovie pour terminer ordonné prêtre en 1946. Affecté au début auprès de la jeunesse, il a gravi petit à petit les échelons ecclésiastiques et est devenu le plus jeune évêque polonais en 1958. Sa maîtrise des langues et de la théologie a fait de lui le porte-parole de l’épiscopat polonais pendant le Concile de Vatican II, événement pendant lequel tous les évêques débattent du sort de l’église, participation qui l’a fait remarquer au pape de l’époque. Archevêque, puis cardinal en 1967, il est élu pape pendant le conclave de 1978 et c’est à ce moment-là qu’il choisit le nom de Jean-Paul II, en mémoire de ses trois prédécesseurs.
L’élection de Jean-Paul II était une énorme surprise pour tous. Il s’agissait du premier pape polonais, premier pape slave et premier non-italien depuis 1522 (!). De plus, il était relativement jeune et athlétique. Mais, surtout, il venait d’un pays communiste, au-delà du rideau de fer. Et dès les premiers jours suivants son élection, il a su montrer qu’il était différent en préparant personnellement ses premiers discours en italien et en allant directement à la rencontre du public, se fichant du protocole. Ces circonstances originales étaient annonciatrices de l’exceptionnalité de son pontificat.
Opposant du communisme, Jean-Paul II a eu un rôle clé dans sa chute, que ce soit par une influence politique ou spirituelle. Toute une génération de polonais se souviendra pour toujours du discours prononcé lors de sa première visite de la Pologne et qui est devenu l’un des premiers slogans de Solidarność à peine un an plus tard – « Que descende Ton Esprit ! Que descende Ton Esprit, et qu’il renouvelle la face de la Terre. De cette Terre ! ». En plus de cela, Jean-Paul II était le représentant d’une église active et engagée dans la lutte pour les droits de l’Homme et ses libertés. Un autre des objectifs de sa papauté était de rapprocher les grandes religions monothéistes, objectif accompli et débouchant sur une amélioration des relations de l’église catholique avec les juifs, musulmans, orthodoxes et anglicans. Toute cette action politique n’a pas seulement eu lieu grâce au charisme indiscutable du pape polonais, elle a été rendue possible aussi par le voyage. Parfois surnommé le « Pape Pèlerin », Jean-Paul II était le pape qui avait effectué le plus de voyages et beaucoup d’entre eux se faisaient pour la première fois dans toute l’histoire.
Comme tout personnage historique, Jean-Paul II n’est pas non plus libre de controverse. Même si son action politique et ses travaux théologiques étaient inédits et innovateurs, ses positions restaient conservatistes, défendant notamment le célibat des prêtres ou critiquant l’usage de la contraception. Sans mentionner sa supposée ignorance (consciente ou non, nous ne le saurons jamais) des cas de pédophilie dans l’église… Toujours est-il que l’influence de Jean-Paul II est indéniable, non seulement pour la foi et l’église mais aussi à l’échelle politique mondiale. On pourrait penser même qu’il a préparé le chemin vers un grand changement au sein de l’église, actuellement mis en place par le pape actuel, François.