Lech Wałesa - Icône de la Lutte pour la Liberté

Lech Wałęsa
Icône de la Lutte pour la Liberté

L’article d’aujourd’hui s’inscrira dans notre série qui a pour but de vous présenter quelques personnalités polonaises importantes. Malgré ce que l’on pourrait croire, celles-ci ne manquent pas. Quel que soit le domaine - politique, littérature, musique, science, cinéma ou encore sport – chacun d’entre eux contient de nombreux représentants. Certains sont plus célèbres à l’échelle internationale que d’autres, mais tous ont été (ou le sont toujours) importants dans leurs domaines, parfois même au point d’avoir changé l’histoire et les mentalités. Notre personnage d'aujourd'hui coche certainement toutes ces cases, puisqu'il a contribué à l'un des plus grands changements du 20e siècle et sans aucun doute l'un des Polonais les plus connus - son nom vient tout de suite lorsqu'on mentionne le pays. Ancien président de la République de Pologne, prix Nobel de la paix de 1983 et surtout l'ancien président de Solidarność - Lech Wałęsa. Nous pensons, peut-être à tort, que le personnage ainsi que le syndicat dont il était dirigeant sont en soi déjà connus. Ainsi, nous nous concentrerons principalement sur des anecdotes qui restent à notre goût méconnues du public français.


Lech Wałęsa est né le 29 septembre 1943 à Popowo, à environ 200 km au sud de Gdańsk. Son père, Bolesław (dont le diminutif est Bolek - à garder en tête, ce sera important pour la suite !), a été interné dans un camp de travail par les nazis avant sa naissance et en est mort peu de temps après la guerre. Ainsi c'est à sa mère, Feliksa, que l'on attribue son éducation, menant à sa ténacité, conviction, et force de caractère. En 1961, Lech obtient un diplôme d'électricien. Oui, vous avez bien lu - le politicien polonais le plus connu de tous les temps est en fait électricien. Entre 1961 et 1965, il travaille en tant que mécanicien automobile et, après avoir terminé son service militaire obligatoire (qui était alors de 2 ans !), en 1967, il obtient un poste d'électricien au chantier naval de Lénine - celui de Gdańsk !

Ce sont ces chantiers navals et en particulier les grèves y ayant pris place à partir de 1980 qui sont considérés comme l’un des points de départ de la chute du communisme. Et c’était justement Wałęsa qui a contribué énormément à l’organisation de celles-ci, tout en en étant le dirigeant. A la grande surprise de ses camarades du syndicat, il adopte une attitude extrêmement modérée. Certains diront qu’elle a justement permis des compromis avec le pouvoir en place, ainsi qu’une transition en douceur. En passant tout de même par un Etat de siège entre 1981 et 1983, puis par des internements de plusieurs des membres dirigeants de Solidarność… Quoi qu’il en soit, en août 1980, un accord est signé - l’Etat autorise la création du syndicat indépendant Solidarność. Et cet accord n’est pas signé n’importe comment - Wałęsa utilise un stylo de 48cm, contenant une capsule qui affiche l’image du pape Jean Paul II. Ce stylo est devenu une image légendaire dans l’histoire et la culture populaire polonaise, au point de posséder son propre article Wikipédia. Et d’être exposé dans un musée.


En tant qu’homme politique, Wałęsa est connu à l’intérieur de pays en tant qu’une personne assez… brute, avec un langage et une manière d’être bien à lui, loin de l’image plus “noble” que l’on pourrait en avoir à l’étranger. Ainsi, il est amateur de formules choc nommées Wałęsizmy (“les Wałęsismes”). Loin d’être un Eminem ou Orelsan polonais, ses “punchlines” frôlent souvent le ridicule et le paradoxal. Mais elles ressemblent à des expressions, et sont extrêmement mémorables à tel point que certaines d’entre elles ont intégré le langage courant. En guise d’exemple, nous pourrions citer “Jestem za, a nawet przeciw” (“Je suis d’accord, voire même contre”), “Dodatnie i ujemne plusy” (“les plus positifs et négatifs”), “Dokonałem zwrotu o 360 stopni” (“j’ai effectué un virage à 360 degrés”) ou encore “Moja ilość trochę psuje moją jakość.” (“Ma quantité détruit un peu ma qualité”).

Comme vous pouvez l’imaginer grâce au paragraphe précédent, il s’agit d’un homme assez controversé. Et il nous reste encore la controverse la plus grande - la malheureuse question de sa collaboration avec la police politique du régime communiste. Vous souvenez-vous du prénom du père de Lech Wałęsa, que nous avons mentionné dans le premier paragraphe ? Bolesław, diminué en Bolek. Apparemment, de nombreux documents datant de l’époque communiste et en particulier des années 80 et jurant collaboration avec le pouvoir en place moyennant paiement ont été signés avec ce diminutif. La question de l’authenticité de ces documents est débattue, mais celle de la collaboration revient régulièrement dans la politique polonaise, bien que l’agent Bolek… Pardon, Lech Wałęsa, soit à la retraite. Bien évidemment, le principal intéressé a toujours démenti toute collaboration. Mais son image reste ternie.

Controverse ou pas, Lech Wałęsa reste un personnage fondamental pour l’époque moderne et pour ce qu’est la Pologne actuelle. Et à quelques jours près de la publication de ce texte, c’est son 80ième anniversaire ! Que pensez-vous de lui ? Pour nos lecteurs français, connaissiez-vous ces anecdotes ? Pour nos lecteurs polonais, que pensais vous de la question de collaboration ? Quel est votre Wałęsizm préféré ? N’hésitez pas à partager dans les commentaires. 

Szymon Konieczny 30 września, 2023
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